
-
L'ONU s'inquiète d'une hausse "alarmante" des expulsions de familles afghanes par l'Iran
-
Affaire Maddie: les recherches reprennent au Portugal sur la piste du suspect allemand
-
Wall Street ouvre sans grand entrain, les tensions commerciales pèsent toujours
-
Roland-Garros: Swiatek-Sabalenka, demi-finale de gala
-
Procès ordonné pour le policier auteur du tir qui a tué Nahel
-
En Autriche, Clint Eastwood et l'entretien "bidon"
-
Ukraine: Moscou ne s'attend à aucune "avancée" rapide dans le règlement du conflit
-
Corée du Sud: triomphe du candidat de centre gauche Lee Jae-myung à la présidentielle, selon un sondage
-
Royaume-Uni: une orchidée rare observée pour la première fois à l'état sauvage depuis 100 ans
-
Volkswagen : 20.000 salariés ont signé pour quitter l'entreprise
-
"Merci et bravo" : Macron défend son bilan industriel et écologique à Douai
-
Les fumées des incendies au Canada visibles en Europe, sans danger pour la santé
-
Corée du Sud: Lee Jae-myung, de l'usine à la présidence
-
A l'heure de pointe, Schwarzenegger au micro dans le métro de Vienne
-
Dans un lac au Canada, un robot testé pour prélever des galets métalliques sans aspirer les créatures du fond
-
Corée du Sud: triomphe du candidat de centre gauche Lee Jae-myung à la présidentielle (sondage)
-
Affaire Nahel: le policier auteur du tir sera jugé pour meurtre
-
Gaza: les secours font état de 27 morts dans des tirs israéliens près d'un site d'aide
-
Zone euro: l'inflation ralentit en mai, nouvelles baisses de taux en vue
-
DPE :la Cour des comptes recommande une carte professionnelle de diagnostiqueur
-
Transat Café L'Or: le traileur Mathieu Blanchard met les voiles
-
Sécheresse: 53% de l'Europe et du pourtour méditerranéen affectés mi-mai
-
La guerre commerciale de Trump va fragiliser la croissance mondiale, avertit l'OCDE
-
Affaire Maddie: nouvelles investigations près du lieu de la disparition de la fillette
-
Chaleur extrême: l'Arabie saoudite se prépare au "pire scénario" pour le hajj
-
Affaire Maddie: de nouvelles investigations menées près du lieu de la disparition de la fillette
-
Procès Kardashian: les peines des "papys braqueurs" sont définitives
-
Gaza: les secours annoncent 15 morts dans des tirs israéliens près d'un centre d'aide
-
Au Caire, le grand écran de Zawya défend le cinéma indépendant
-
La Bourse de Paris toujours en retrait, attentive à l'inflation et aux tensions commerciales
-
Roland-Garros: Loïs Boisson, rêver plus loin
-
Wilders fait tomber la coalition aux Pays-Bas
-
Au CEA, une machine à remonter le temps grâce au carbone 14
-
Réunion ce mardi à Bercy sur le redressement des comptes de la Sécurité sociale
-
La "bataille" des mairies contre les meublés touristiques commence à faire ses preuves
-
Au Liban, un timide renouveau des transports publics
-
Municipales à Paris, Lyon, Marseille: désaveu en vue au Sénat pour la réforme du scrutin
-
Au campus Louis Braille à Paris, l'IA au service des aveugles et malvoyants
-
Tennis: Kader Nouni, l'arbitre qui ne voulait pas "se faire remarquer"
-
Climat: les Outre-mer français "en première ligne", alerte un rapport
-
Eaux minérales Nestlé: l'UFC-Que Choisir accuse les pouvoirs publics d'"immobilisme", engage des actions en justice
-
Equipe de France: l'avènement de Désiré Doué
-
Espagne-France: Le Normand n'a "aucune rancoeur" envers les Bleus
-
La Corée du Sud élit son nouveau président pour tourner la page de la loi martiale
-
Soupçonné de corruption, le Premier ministre mongol perd un vote de confiance et démissionne
-
Présidentielle en Corée du Sud: Kim Moon-soo, un caméléon sorti de l'ombre de Yoon
-
Lee Jae-myung, de l'usine jusqu'au seuil de la présidence sud-coréenne
-
Accusé de corruption, le Premier ministre mongol perd un vote de confiance et démissionne
-
Nucléaire: Trump ne veut "aucun enrichissement d'uranium", Téhéran exclut d'en être privé
-
"Fast fashion": le Sénat resserre une loi pour freiner la mode "ultra éphémère"

Larmes, colère, "défiance démocratique", des Français face à la fracture numérique
"En larmes, en colère", beaucoup de Français se sentent désemparés face à la dématérialisation des services publics, un sentiment qui accentue la défiance envers la démocratie dans un pays où l'abstention a progressé ces dernières années.
Devant la poste de Béziers (Hérault), Marine Molinier, médiatrice sociale, gare son "bureau" transporté sur un triporteur électrique. Tel un origami, elle déploie une table, un ordinateur, une imprimante, deux tabourets.
Très vite, une jeune femme, justificatifs en main, s'approche avec l'espoir de faire fonctionner son pass sanitaire. Après une après-midi passée au téléphone, la médiatrice réussit à ouvrir un compte sur le site de la sécurité sociale pour la mère de famille, qui repart "soulagée".
A son tour, Yveline Dequéker, 74 ans, qui bute sur un disque vocal à choix multiple, s'agace: "Il y a un magnéto qui vous dit +tapez un, tapez deux, tapez trois+. C'est absolument le stress!". "Je n'y arrive pas, je n'ai pas de smartphone et il n'y a pas de bureau où on peut aller voir les fonctionnaires, les employés", déplore la retraitée, loin d'être la seule dans ce cas.
Selon des chiffres gouvernementaux, 13 millions de Français demeurent "éloignés du numérique: ils n'utilisent pas ou peu internet et se sentent en difficulté avec ses usages".
Des "exclus" que l'anthropologue spécialiste des usages du numérique Pascal Plantard répartit en trois groupes: les habitants des territoires bas débit et des "zones blanches" (non couvertes par un réseau mobile), les personnes en situation de pauvreté-précarité, qui n'ont pas les moyens de se payer le matériel et les abonnements nécessaires, et enfin celles subissant des déconnexions involontaires, faute de maîtriser les outils, ou choisissant la déconnexion volontaire.
"Il y a une grosse fracture numérique", constate derrière son triporteur Marine Molinier. "On leur dit où chercher l'information et ce n'est qu'en dernier recours qu'on le fait pour eux, mais, malheureusement, c'est assez souvent le cas".
- Marche forcée -
Grâce à ses "guitounes", comme elle les a baptisées, l'association "Luoga" se déplace dans l'espace public, sur les places et dans les rues. Et elle est en train d'essaimer dans une trentaine de villes en France: "On touche des gens pour qui c'est un peu la dernière chance", commente sa directrice-fondatrice, Thérèse Bérard.
Permis de conduire, carte grise, demande de logement social, impôts, retraites... Il est désormais quasi impossible de faire valoir ses droits sans devoir créer un compte en ligne avec un mot de passe alambiqué, puis scanner et attacher des pièces jointes.
Si le chef de l'Etat Emmanuel Macron a promis de rendre 250 démarches administratives "essentielles à la vie quotidienne des Français" accessibles en ligne d'ici la fin de son quinquennat, sur le terrain, on déplore les effets parfois dramatiques de cette avancée à marche forcée.
Des jeunes demandeurs du Revenu de solidarité active (RSA) aux agriculteurs voulant faire valoir leur droit à la retraite, France Services, installé dans un centre social de Carpentras (Vaucluse) qui fait de l'accompagnement informatique depuis de nombreuses années, a vu depuis 2017 son public "s'élargir" avec la généralisation du tout numérique.
"On a tous les profils, des gens perdus qui ne savent plus à qui s'adresser avec la disparition des accueils physiques dans les administrations", observe sa directrice, Isabelle Faure. Avec des conséquences graves: certains se retrouvent sans aucune ressource faute d'avoir réussi à effectuer les démarches en ligne.
"Dès que vous ne rentrez pas dans les cases, ce qui représente une majorité de cas, la dématérialisation complexifie les démarches", souligne Thierry Petrone, médiateur de France Services à Carpentras.
"La numérisation n'est pas un problème en soi si l'objectif est d'améliorer la qualité du service rendu. Mais, malheureusement, ce n'est pas l'objectif, qui en réalité est de faire des économies de fonctionnaires et sur le foncier", dénonce Prune Helfer-Noah, membre du collectif de fonctionnaires "Nos services publics".
- Frustration, sidération, révolte -
En 2021, le Défenseur des droits chargé de protéger les droits des usagers des services publics a enregistré une augmentation de 15% des saisines, "fortement liée à la dématérialisation".
"On a des gens en larmes, en colère, qui ont un sentiment d'inégalité et une défiance envers notre démocratie et notre société", relate auprès de l'AFP la dirigeante de cette autorité administrative indépendante, Claire Hédon.
"C'est parce qu'on a accès aux services publics qu'on se sent citoyens", insiste Mme Hédon, qui estime "indispensable" le maintien d'un accueil physique dans les administrations.
"Il y a de tels décalages entre la réalité quotidienne et le discours de l'Etat qu'on est dans une situation où on ne peut qu'augmenter les frustrations", analyse également l'anthropologue Pascal Plantard. "On est dans le fantasme d'un techno-solutionnisme dont le mot d'ordre serait +Y'a qu'à, faut qu'on+", dénonce le chercheur.
Cette dépendance à internet est encore plus préjudiciable pour les plus précaires, qui ont 40 fois plus de démarches administratives en ligne à effectuer (rétablissement du chauffage suite à une coupure, demandes d'allocations et autres aides...) qu'une famille aisée, observe encore le professeur du plus grand pôle de recherches français sur le sujet.
"Cela provoque un processus de stigmatisation et de disqualification sociale qui se manifeste de deux manières, avertit M. Plantard: la sidération administrative, avec l'abandon de ses droits, ou une révolte, comme l'a montré le mouvement des +gilets jaunes+ qui a rassemblé des gens partageant des galères communes".
A.Jones--AMWN